C'est parti pour les dernières lectures

Max de Sarah Cohen-Scali

« 19 avril 1936. Bientôt minuit. Je vais naître dans une minute exactement. Je vais voir le jour le 20 avril. Date anniversaire de notre Führer. Je serai ainsi... béni des dieux germaniques et l'on verra en moi le premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde. Je suis l'enfant du futur. Conçu sans amour. Sans Dieu. Sans Loi. Sans rien d'autre que la force et la rage. »

Extrait du résumé de Max, prototype parfait du programme "Lebens born" initié par Himmler. Le livre mêle faits historiques et romance. J’avais déjà lu et aimé un ouvrage de Sarah Cohen-Scali, une biographie de Rimbaud destinée à un jeune public. Cependant, je manquais peut-être d’objectivité car j’aime particulièrement le poète.  Là, l’immersion dans l’époque hitlérienne à travers un fœtus  aux idées bien arrêtées malgré son jeune âge déstabilise et ne laisse pas le lecteur indemne. Certains passages sont durs, mais le livre s’adresse aussi à un public ado, puisqu’un de mes élèves de troisième l’a lu et aimé. A réserver néanmoins à un public averti !

En dépit des étoiles de Michel Quint

Le jeune espoir de foot Sébastien Arnoux disparaît un soir de printemps. Sa sœur, Lisa, mène l’enquête et arpente désespérément les rues du Vieux-Lille, accompagnée de Jules, jeune homme solitaire, qui restaure des logements. Le corps de Sébastien sera repêché quelques jours plus tard dans la Deûle et d’autres meurtres suivront. L’enquête faiblement menée par la police, est menée par ce duo surprenant, auquel quelques personnages plus ou moins en marge viennent se greffer : la cousine Emma, un patron de bar, une serveuse, un dénommé Dimanche... Entre bars branchés, quartiers chauds, usines désaffectées, il règne une ambiance à la fois poétique et sordide, un suspense au rythme lent qui fait voyager le lecteur dans les rues lilloises. Michel Quint s’est inspiré d’un fait divers pour un récit mi policier mi poétique. Je suis toujours curieuse de lire des auteurs de ma région, qui de surcroît ont obtenu des prix littéraires  et enseigné le français et le théâtre à mon chéri durant ses très lointaines années de lycéen (il appréciera). Mais cela n’a pas suffi à me faire aimer le livre, je dois bien admettre que je l’ai traîné quelques semaines. A croire que je l’ai lu au rythme de la narration, lentement, très lentement… sensible néanmoins à la beauté des descriptions et des ambiances, à la richesse des métaphores… Je l’ai cependant rendu à la médiathèque sans grand regret.

Un barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras

En Indochine française, dans les années 30, une mère vit seule avec ses deux enfants, Joseph et Suzanne, dans un bungalow situé dans les plaines marécageuses du Ram. 10 ans consacrés à économiser pour l’achat d’une concession qui se révèle inondable, des tentatives de barrages qui se soldent par des échecs successifs face à la puissance des éléments, des pouvoirs publics absents… Ils n’ont pour seule richesse que cette terre et une vieille automobile B12.  Le trio fait un jour la rencontre d’un jeune et riche planteur, Monsieur Jo, fasciné par Suzanne. L’homme la rebute, mais encouragée par sa mère et son frère, la jeune fille se servira de lui pour les enrichir et partir, sans pour autant trouver le bonheur à la ville. Même en quittant le village, les personnages échouent dans leur quête d’une vie meilleure. Ce roman en partie autobiographique décrit le découragement et les désillusions des personnages dans une atmosphère moite. En prof dévouée, j’ai rendu service à un de mes lycéens en le soulageant d’une lecture qui semblait quelque peu lui peser (pas bien, je sais). Sachant que de toute façon, il ne l’aurait pas lu et que cela me tentait, je me suis dit que j’améliorais ainsi quelque peu ma culture littéraire tout en lui épargnant peut-être une mauvaise note. Bilan positif, j’ai beaucoup aimé. C’est le plus souvent Le Ravissement de Lol V Stein de Marguerite Duras qu’on impose aux élèves de première, et là j’avoue me montrer nettement moins dévouée (par suis pas une fervente admiratrice du Nouveau Roman), mais ce voyage, quoique sombre, en Indochine m’a plu.

Précognitions de Jim Orson

Charles est un journaliste raté, travaillant pour des journaux d'investigations dont les sujets saugrenus flirtent avec le paranormal. Loreleï est une brillante avocate ainsi qu'une séduisante jeune femme. Depuis plus de vingt ans, ils sont amis et se rencontrent régulièrement pour se raconter leur vie, échanger leurs souvenirs et parler d'avenir. Alors qu'ils ont rendez-vous, Charles est victime d'une vision lui permettant d'entrevoir le futur. Un futur sombre, douloureux auquel il aimerait échapper. Quelle est donc cette vision si terrible ? Et pourquoi est-il devenu le témoin indiscret d'un avenir qui va se dérouler prochainement ? "Précognitions" est le dernier Roman Fantastique de Jim Orson, qui a écrit plusieurs Romans jeunesse sous le pseudonyme Blendman.

J’emprunte ce résumé à son auteur que je côtoie régulièrement et avec lequel nous envisageons un projet commun. Il me prête son imagination, je lui prête ma plume. En attendant, j’ai lu ce livre pour lequel il m’a contactée, me demandant un avis objectif sur son style, la narration... rythme soutenu, trame haletante, l’auteur retravaille néanmoins actuellement l’ensemble suite à quelques critiques parfois constructives, parfois désobligeantes sur le site où il est en vente, en vue d’en offrir aux lecteurs une version plus aboutie très prochainement. Livre en vente exclusivement sur Amazon.