Extraits de mes récits de vie

                                                                                                                         

EXTRAITS

"Nous avons suivi le convoi, la cohorte de réfugiés et nous nous sommes dispersés à Saint Paul où nous avons trouvé refuge chez un marchand de chaussures ; le commerce était déserté, comme de nombreux autres foyers, la maison avait été vidée de ses occupants. Nous avons alors attendu dans l'incertitude permanente. nous observions de la fenêtre les colonnes de prisonniers français et cherchions fébrilement mon père dans les rangs, priant pour ne pas l'y trouver".

"Nous eûmes bien sûr d'autres occasions de partir en vacances, mais à compter de l'année 1976, ce serait plus souvent à trois ! car lors de notre séjour au club Med en Corrèze, mon plus merveilleux souvenir, nous n'étions déjà plus tout à fait deux, je touchais le ventre naissant de ... et profitais pleinement de nos moments d'insouciance".

"Nous sommes en 1921 quand d'importantes grèves éclatent. Toute l'activité textile est en suspens. du haut de mes six ans, j'assiste au cortège pacifiste des gévistes et j'observe la garde républicaine à cheval  qui assure l'ordre public"

" Nous étions régulièrement mitraillés par des Stukas allemands. Alors, nous descendions hâtivement de nos bus et nous jetions dans les fossés. De l'autre côté, des files de gens évacuaient, des familles venant du Nord de la Belgique, perdues, hagardes... Nous étions tous la cible parfaite, des proies faciles (...) Ainsi, la première mort à laquelle j'assistai touchait une civile, encore une enfant."

J'ai dormi quinze jours à la belle étoile, protégé par ma toile de tente. Mon sac était à la fois mon bienfaiteur et mon bourreau. Ses bretelles me blessaient, mes épaules étaient meurtries, mais je ne voulais pas le lâcher, par peur qu'on me le vole."

"Première réaction : de la joie, puis c'est la panique qui vient empiéter sur ce sentiment intense, pas tant la peur de l'accouchement mais plutôt le fait de réaliser tout ce que ça va changer dans notre vie jusque là centreée sur nous-mêmes".

"Quelle ne fut pas ma surprise quand, quelques gouttes de pipi plus tard, détail certes peu ragoutant, le test s'avéra positif : deux bandes au lieu d'une, qui signifaient que notre vie prenait soudain un tournant différent".

"Je n'ai pu retenir mes larmes en voyant cet être entre la vie et la mort, dont seul un souffle à peine perceptible qui s'échappe de sa bouche, laisse deviner un once de vie. (...) J'ai en moi au contraire la faculté de créer la vie, j'ai en moi un petit être qui ne demande qu'à vivre et se nourrit de moi pour former tous ses organes, son squelette..."